20090408

Une tour devant l'arc-en-ciel.

« Il fout un grand coup de pied dans une boîte en fer, les mains dans les poches il déambule, sur les vitrines se fait son cinoche. Il fume sa première clope, regarde sa bague en toc. Il a du faire la même chose l'an dernier à la même époque. »
Y a pas le choix, Shurik'n


Je le vois, là, à regarder une publicité de soutien-gorge comme un mort de faim. La fatigue, peut-être, ou la lumière blafarde du néon. Que s'est-il passé pour en arriver là ? Certains le savent, d'autres préfèrent l'oublier. L'œil terne, la bouche pâteuse. Qu'ont-ils fait de nous ? Mais surtout, pourquoi accuser des "autres" que je ne peux nommer ? Sans doute ainsi je fuis toutes choses s'apparentant à la responsabilité comme je sais si bien le faire. De toute manière, nous sommes toujours le bouc émissaire de quelqu'un j'aimerais juste savoir qui m'embauche.
A regarder un horizon si étriqué, je constate qu'on est tous masochistes à notre manière, cherchant l'exutoire dans la mutilation. Addiction brute mais sans angle. La simplification de la vie à celle d'un ordinateur, oui ou non et aucun contrastes. La subtilité envolée, on aimerait ajouter de l'eau dans son vin, de l'héro dans nos veines, de l'alcool dans notre organisme. Maintenant nous sommes polythéistes, priant tantôt sur la boulimie, tantôt sur l'anorexie. Comme si l'on rentrait dans une orgie religieuse.
Nous aimerions être ailleurs, et mêmes quelqu'un d'autre. Peut-être l'impression de culpabilité, ou celle d'être sans cesse surveillé, on s'enferme derrière nos volés clos une fois la nuit tombée. Sommes-nous devenus des pervers écervelés ne souhaitant que se reproduire, bafouant les règles de vie commune ; ne cherchant que sa propre élévation ? Dans ce modernisme et ce civisme, je constate que les besoins de l'homme sont primaires, on y a juste apposé des mots sophistiqués...

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Je vois le monde s'effriter, je regarde les tours devenirs des ensembles de grains de sables ouverts aux quatre vents. Je sens le sol m'aspirait, et je m'approche sans le vouloir de l'épicentre d'une tornade ; mais je n'ai pas peur : je suis terrorisé.
Je tire une nouvelle latte sur ma cigarette et tout redevient clair. La lumière des néons crée des illusions et rien ne bougera plus dans ce mouvement incessant. Tout est figé, comme ce beau paysage urbain sur une pellicule argentique, comme ton sourire sur ce si vieux cliché. Pour ce qui est de ton visage, et du miens aussi, c'est l'absence de rire qui nous y installe des rides. Dans cette situation oppressante de noir broyé, il faudrait pomper tout l'air du monde pour s'en sortir (et encore...)
Afin de passer le temps, on remplit nos bouches de goudron, arrosé d'alcool fort. La rectitude de l'horizon et tous ces trous fait à la terre, toutes ces idées, révoltes, corps qui sont enterrés là sous nos pieds : était-ce vraiment pour ce monde ?
J'ai envie de tout brûler ; les autres ? Qu'importe, je sais que je me sauverais, j'y arriverais. Pour ces idées folles, ils peuvent m'enfermer, ou mieux, me crever. Mais j'ai beau être plein d'eau, je n'en reste pas moins plein de vide. Je ne balaierais pas ce feu, mais raviverait ses cendres. Qu'arriverais-je à faire à la force de mes cordes vocales reste une question dérisoire.

Je vois cet homme à cet arrêt de bus, impassible mais excité face à ces nichons presque nue, à cette chair semblant si fraiche pour l'affamé que l'on a fait de lui. Peut-on lui en vouloir ? A qui la faute ? Cette question aura beau être criée par la foule, elle se perdra dans l'atmosphère. Puis, lorsque l'écho ne reviendra pas, que les explications ne viendront pas, on accusera le voisin.

Et je ne peux donc pas croire que Dieu nous ait fait à son image, car il ne serait pas imposé sa plus grande phobie multipliée par 6 milliard : les autres.

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