20090505

Echapper (s'). // State of emergency.

Le soleil écrase nos mensonges, nos faces d'étrangers. Perdants jusqu'au bout, nous sommes pourtant d'ici, perdus entre un pays et un autre. Teintées de culture, tendues de couleurs chaudes, les rues semblent pleines d'amours ; elles sont pourtant tristes, et de la tristesse naît les nuages blancs dans le ciel bleu pâle. Ces nuages ne pleurant pas, ces nuages allant ailleurs : ils en ont de la chance. Les jeux dangereux de tous temps joués à tout âge dans des caniveaux sales. D'un octave à l'autre, le temps passe, la voix des minots devient grave, les regards aussi ceux des parents perdus dans leurs illusions ou leur naïveté. Manger avec des mains sales, croquer la vie même si elle a un vers à l'intérieur c'est ce qu'on nous apprend. Mouton on applique. Si prompt à se rebeller d'habitude, on apprécie ce repos. Nos espérances s'apparentent à des raisons d'être.
Tu me dis qu'ici, on ne peut pas être triste, que le soleil nous illumine. Mais je les vois moi, ces passagers du destin, un pied dans les souvenirs et un autre dans le présent. ils ne connaissent pas le futur, il ne connaissent que leurs gosses, leurs petits enfants. Ces visages victimes d'érosion. Ces rides qui font de l'ombre aux sourires, qui teintent les rires et ces pleurs qui ravinent le long des joues, qui trempent ce sol sec. La misère accomplit chaque jour son travail, et les humains eux en cherchent. Les grippes exotiques n'effacent pas les dettes, n'effacent pas les rêves non plus. Elles effacent parfois les manifestations, car faire peur c'est détourné l'opinion. On pourrait mourir de tout, et on pourrait dire que c'est une libération. Mais l'on n'ose pas, alors on fait semblant, et on s'en sort bien, hagards mais confiants, pensant que demain sera comme aujourd'hui : en différent.

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Les rentrées maritimes sont pleines des odeurs de la mer lointaine. Sur moi se referme les pages d'un livre. Pris dans la mouvance du roman, dans le luxe de ce qui est dit tout haut et dans une langue belle. Partir du quotidien, en faire une chose vive, avec patience, c'est mourir un peu, pour apprécier ce qui vient après : pour aimer revivre. Les lettres dansent ; brasiers immenses découpant le ciel bleu du crépuscule. La ville se reconstruit peu à peu chaque jour. C'est l'avancée lourde de la machine. Les gravats font de la poussière et nos yeux souffrent de conjonctivites à répétition. Déjà sourd, ils seraient prêt à nous enlever la vue de cet abandon bleu : notre seul point de repère. Mais déjà la vie se couvre, déjà il est l'heure des orages, l'heure des batailles. On murmure partout que c'est la fin, qu'il faudra recommencer après. Quand je contemple, perdu, le fil désué des jours je me demande si je ne me perds pas en conjectures, si mes calculs sont justes. Des portes s'ouvrent, d'autres se ferment et moi j'aimerais avoir un passe, et aider tous ces gens dans leurs boîtes ; leur donner un sourire à eux qui n'ont dans leur tête que du gris et du noir. Les larmes ne servent plus, la dignité est la seule chose qui porte un humain n'ayant pas assez de bonheur pour dire, sincérement : "je vais bien."

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Parfois il faut s'en aller temps que c'est encore faisable. Je pense juste que c'est plus besoin qu'une folie , cette fois.

Temps qu'il y a de la musique, il y a de la danse.