20090218

La tragédie d'une trajectoire.



Moi, j'étais grand. Moi, j'étais fort.

Et puis il y a eu le malaise. l'impression que la terre ne tourne plus rond. Moi j'étais grand et fort, parce que j'étais entouré de quelque chose. Comme une aura de protection qui écartait loin de moi la fatigue, qui, à ma bouche porté toujours la salive nécessaire à la parole. On est fort, en équipe. on l'est beaucoup moins face à la vie, car la vie, c'est une affaire privée. Les amis ne servent pas dans ces moments là, et l'expérience non plus, alors, ne nous attardons pas à parler de la sagesse.
La majorité comme un but à atteindre, et ensuite l'on devient des gens possédant une vie sans buts, sans rêves même si on dit le contraire. On pense que tout ira mieux, et plus l'on vieillit, moins les choses vont. C'est parce que les choses filent droit sans doute en ce monde. Que le temps n'est pas une boucle, du moins j'imagine mais qui pourra vivre assez longtemps pour s'en rendre compte.
L'espace peut se plier, en un instant, et les repères deviennent des vieilleries auxquels on ne croit plus. On se verrait presque priant, en tant qu'athée, pour savoir si oui ou non, on a bien fait de, jusque là, ne pas croire en une entité divine. Chacun ses goûts, chacun sa vie. La terre semble dépeuplée quand chaque matin je parcours les rues vides dans le bleu de l'aube. A croire que sur terre ne se déplace que des carrosseries folles, qu'il n'y a personne pour les conduire.
La leste danse du quotidien nous mènerait à penser que chaque être est en orbite autour de son propre monde. Sur tout une thèse, surtout sa thèse. Mais la gravité nous rattrape, la lourdeur de la vie aussi peut-être. Nous voulons être fusée, fasciné par la forme de la goutte d'eau pour nous symbole d'avancée et de modernisme. Pourtant nous sommes des grosses choses balourdes et handicapées. Notre agilité au vestiaire, il ne nous reste presque rien : que des commotions sur un visage d'enfant à naître, d'adolescent épanoui : d'humain anonyme.
L'on se propulse sans cesse au devant de la scène, pensant voler, pensant dépasser ceux qui se sont, avant nous, lancés. Mais pourtant la gravité nous rattrape. Alors, suivez moi du regard, moi dans le ciel que je traverse. Suivez la trajectoire d'un humain ayant dépassé avec le sourire sa majorité.

3 commentaires:

Billie L. a dit…

Et en plus, tu as des goûts de rêve. Artistiquement parlant.

Anonyme a dit…

Personne ne pourra nous sauver de l'absurdité de la vie.

On peut juste faire semblant de croire que notre trajectoire nous indiffère.

Mais la fin sera la même pour tout le monde...

Amaury Martin B. a dit…

Super texte, j'aime beaucoup la photo également!