20090112

Be kind, rewind.


L’enchaînement des choses à faire ; un pied, puis un autre. A contester le monde sans cesse on te nommerait pessimiste ou pire déprimé. Les gens ne comprennent pas, ne veulent pas comprendre – peut-être – que c’est en discutant et critiquant que l’on avance. L’immobilisme total symbolisé par la neige des derniers jours. Ou comment une ville peut être endormie sous une douce couverture glacée. Je n’aime pas la neige, si je l’ai déjà dit, je le répète. Quelque chose se la jouant pur, se viciant, noircissant et devenant une chose informe par la suite. L’homme en quelques sortes. On sort de nulle part, on est blanc, beaux, purs. Le temps passe, et l’on devient noir goudron dans le gris cendre de la vie tout autour. J’ai le cœur tourmenté, mes jours s’enfilent. J’ai le sourire facile, le rire à portée de main. Everything’s fine, sauf les choses qui merdent, mais elles, ce sont des rabat-joies.
Un pied, puis un autre, atteindre le bus, attendre le bus, être déplacé, se perdre dans le paysage, dans la lumière du jour naissant, du jour tombant ; prendre le métro et s’enterrer derrière des soucis sans consistance. Rentrer chez soit, aller étudier. Toujours la même rengaine, sans cesse en transit, sans cesse en train de se noyer dans un flot d’idées pour arrêter de réellement penser. Les pieds fatigués, l’humeur jouasse, les jeans usées, la veste fermée. Jamais chaud, toujours en trin de grelotter de froid, fiévreux à l’idée de faire le pas de trop le pas de plus. Dans l’expression « live fast, die young » je ne suis d’accord qu’avec la première proposition, parce que j’annonce que sans avoir peur de mourir, j’aimerais que ça m’arrive le plus tard possible. Peut-être plus réaliste que ces groupies pubère qui pense que le rock’n’roll, c’est tout, et que ça se résume aux BB Brunes. Acide, certes, mais le métro me berce, et quand je m’envole, je ne réponds de rien, je ne réponds pas aux considérations de mon voisin.
La tête qui tangue, la musique sortant difficilement de mon casque. La rue bondée, je n’entends rien. Même plus de musique, le silence. Suis-je enfin sourd ? Parfois j’en rêve, j’aimerais voir ce que ça fait, le silence, pour une fois, une sainte et douce fois. Ne m’enlever surtout pas mes yeux. J’ai encore besoin d’eux pour tailler des descriptions tranchantes, j’ai encore besoin d’eux car ils sont ma seule source d’inspiration. Parfois je crois que je passe pour un rêveur, et ce doit être vrai, en fait, que j’en suis un. Qu’importe ? Moi cela ne me dérange pas, cela me donne des bonnes excuses parfois. A la recherche du temps que je perds, mes doigts gourds dans le renouveau, le temps doux après le froid extrême, on se croirait presque à la naissance du printemps. J’ai troqué ma veste trois quart contre mon armure de cuir. Je vais recommencer à arpenter la ville comme une âme en peine, comme un lion en cage. Peut-être qu’au détour d’une ruelle tortueuse, je trouverais un sourire enjôleur. Chaque jour, on découvre d’autres personnes par la force des choses, et parfois, il faut l’avouer, il y a de très jolies filles. De quoi laisser rêveur la terre entière, moi, j’ai décidé d’attendre, et ce n’est pas la bonne solution : je sais.
Alors que sans cesse le même morceau tourne dans mes enceintes – Bitch Niggaz – Dr Dre – j’écris, m’usant les doigts à une entreprise veine. Il faudrait que je continue mon roman, où ce que j’ai élu comme. Mais l’inspiration est bloquée, je ne sais pas si j’ai envie de continuer à écrire la folle histoire d’amour compliquée de Théo et Lou. Je ne sais même plus si dans le fond, ils s’aiment vraiment. Mon prochain projet me pousse sans cesse à remettre cette histoire à plus tard. Je fais très homme d’affaire overbooké quand je sors des remarques ridicules comme ça. Je m’en fous, qui sait vraiment qui je suis ?

3 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est beau (Expression banale mais c'est la première chose qui me vient en lisant ton article).


"L’enchaînement des choses à faire ; un pied, puis un autre. A contester le monde sans cesse on te nommerait pessimiste ou pire déprimé. Les gens ne comprennent pas, ne veulent pas comprendre – peut-être – que c’est en discutant et critiquant que l’on avance. " Je suis d'accord jusqu'au bout, la critique et la discussion permanente finiront (peut-être) par changer la donne. C'est en se décidant à faire bouger les choses, qu'elles changeront.

Anonyme a dit…

C'est justement cette facilité que t'as à raconter ta vie que je trouve belle. L'asociabilité rend inspiré.

Anonyme a dit…

Jusqu'à ce que j'en ai marre , comme toujours.